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La petite sirÚne, Le vilain petit canard, Les habits neufs de l'empereur, La petite fille aux allumettes, L'inébranlable petit soldat d'étain, Poucette,... Lire la suite 4,49 ⏠E-book - ePub Poche En stock 3,00 ⏠En stock 3,50 ⏠En stock 4,60 ⏠En stock 4,95 ⏠Expédié sous 3 à 6 jours 2,00 ⏠Expédié sous 3 à 6 jours 5,40 ⏠Expédié sous 3 à 6 jours 7,20 ⏠Actuellement indisponible 4,60 ⏠Ebook Téléchargement immédiat 1,99 ⏠Téléchargement immédiat 1,99 ⏠Téléchargement immédiat 2,49 ⏠Grand format Actuellement indisponible 11,75 ⏠Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants Téléchargement immédiat DÚs validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier La petite sirÚne, Le vilain petit canard, Les habits neufs de l'empereur, La petite fille aux allumettes, L'inébranlable petit soldat d'étain, Poucette, La princesse sur le petit pois, La bergÚre et le ramoneur, La reine des neiges, Les cygnes sauvages. Les plus célÚbres contes de Hans Christian Andersen, dans un univers teinté de poésie, de drÎlerie mais aussi d'ironie et de tragédie. Biographie de 1805-1875. Né au Danemark, Andersen est l'auteur de nombreux poÚmes, romans et piÚces de théùtre. Ce sont ses contes qui lui donneront la gloire, en 1835. D'abord destinés aux enfants, ils touchent un large public par leur poésie et par les thÚmes universels qui s'en dégagent.
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Contes merveilleux - Tome II L'Ombre - Le Papillon - Papotages d'enfants - La PĂąquerette - La Petite Fille aux allumettes - La Petite Poucette - La Petite SirĂšne - La Plume et l'encrier - La Princesse au petit pois - La Princesse et le porcher - Quelque Chose - La Reine des neiges - Une Rose de la tombe d'HomĂšre - Le Rossignol et l'Empereur - Le Sapin - Le Schilling d'argent - Le Soleil raconte - La Soupe Ă la brochette - Le StoĂŻque Soldat de plomb - La Tirelire - La Vieille maison - Le Vieux RĂ©verbĂšre - Le Vilain Petit Canard - Les Voisins - Nouvelles - Contes JeunesseĂdition illustrĂ©e - groupe Ebooks libres et gratuits Ădition Feedbooks pour le format ePub. Mobipocket 1,1 Mo eReader 1,1 Mo PDF 1,8 Mo Source Word 3,3 Mo HTML 585 Ko Sony Reader 460 Ko ePub 1 Mo Parution le 16/10/2004 QR code pour le format epub utilisable avec votre smartphone tĂ©lĂ©chargement automatique» le 22 150621/03/2019 Hilal le 22 150609/03/2019 COCOBESS le 19 023700/12/2018Tout simplement gĂ©nial ! Je dĂ©couvre le site et oh! merveille il rĂ©pond Ă mes attentes. En effet, lectrice bĂ©nĂ©vole dans les Ă©coles et maisons de retraite, j'apprĂ©cie beaucoup de pouvoir relire aux autres les contes qui ont bercĂ© mon enfance. Merci, merci, merci. Le tĂ©lĂ©chargement en ligne va faire nombre d'heureux. Cao le 09 200308/01/2017comment charger ebook choisi ? le 02 124703/12/2015 laving le 22 001214/10/2013je n'arrive pas Ă Ă©couter la version audio avec le lecteur Windows mĂ©dia Chahra le 17 144841/09/2013Je n'arrive pas a tĂ©lĂ©charger le conte Anderson tome 2 pourquoi? tout le reste c bon super encore bravo Vous pouvez ajouter un commentaire en utilisant le formulaire suivant.
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ï»żArticles les plus consultĂ©s ce mois-ci Articles les plus consultĂ©s ce mois-ci Articles les plus consultĂ©s 08/07/2013 La princesse au petit pois Voici des fiches sur l'album la princesse au petit pois que Carole - alias Crisca de a Ă©laborĂ©es avec ma mise en page et a bien voulu vous en faire profiter ^^. Il y en a pour les PS, les MS et les GS. Merci Ă elle ^^ 17 commentaires Merci beaucoup LaurĂšne pour ces fiches, toujours aussi vais Ă©tudier aussi ce conte Ă la rentrĂ©e, je vais m'inspirer de ton travail pour crĂ©er mes propres rĂ©veillonKalooRĂ©pondreSupprimer
En1927 au Festival Deutsches Kammermusikfest de Baden-Baden, a lieu la création de l'opéra pour enfants Die Prinzessin auf der Erbse (La princesse au petit pois) du compositeur allemand Ernst Toch.. La princesse au petit pois est le premier des Trois contes, opéra pour voix et ensemble, de Gérard Pesson.. Le groupe français de rock
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LA PETITE SIRĂNE. Bien loin dans la mer, lâeau est bleue comme les feuilles des bluets, pure comme le verre le plus transparent, mais si profonde quâil serait inutile dây jeter lâancre, et quâil faudrait y entasser une quantitĂ© infinie de tours dâĂ©glises les unes sur les autres pour mesurer la distance du fond Ă la surface. Câest lĂ que demeure le peuple de la mer. Mais nâallez pas croire que ce fond se compose seulement de sable blanc ; non, il y croĂźt des plantes et des arbres bizarres, et si souples, que le moindre mouvement de lâeau les fait sâagiter comme sâils Ă©taient vivants. Tous les poissons, grands et petits, vont et viennent entre les branches comme les oiseaux dans lâair. Ă lâendroit le plus profond se trouve le chĂąteau du roi de la mer, dont les murs sont de corail, les fenĂȘtres de bel ambre jaune, et le toit de coquillages qui sâouvrent et se ferment pour recevoir lâeau ou pour la rejeter. Chacun de ces coquillages referme des perles brillantes dont la moindre ferait honneur Ă la couronne dâune reine. Depuis plusieurs annĂ©es le roi de la mer Ă©tait veuf, et sa vieille mĂšre dirigeait sa maison. CâĂ©tait une femme spirituelle, mais si fiĂšre de son rang, quâelle portait douze huĂźtres Ă sa queue tandis que les autres grands personnages nâen portaient que six. Elle mĂ©ritait des Ă©loges pour les soins quâelle prodiguait Ă ses six petites filles, toutes princesses charmantes. Cependant la plus jeune Ă©tait plus belle encore que les autres ; elle avait la peau douce et diaphane comme une feuille de rose, les yeux bleus comme un lac profond ; mais elle nâavait pas de pieds ainsi que ses sĆurs, son corps se terminait par une queue de poisson. Toute la journĂ©e, les enfants jouaient dans les grandes salles du chĂąteau, oĂč des fleurs vivantes poussaient sur les murs. Lorsquâon ouvrait les fenĂȘtres dâambre jaune, les poissons y entraient comme chez nous les hirondelles, et ils mangeaient dans la main des petites sirĂšnes qui les caressaient. Devant le chĂąteau Ă©tait un grand jardin avec des arbres dâun bleu sombre ou dâun rouge de feu. Les fruits brillaient comme de lâor, et les fleurs, agitant sans cesse leur tige et leurs feuilles, ressemblaient Ă de petites flammes. Le sol se composait de sable blanc et fin, et une lueur bleue merveilleuse, qui se rĂ©pandait partout, aurait fait croire quâon Ă©tait dans lâair, au milieu de lâazur du ciel, plutĂŽt que sous la mer. Les jours de calme, on pouvait apercevoir le soleil, semblable Ă une petite fleur de pourpre versant la lumiĂšre de son calice. Chacune des princesses avait dans le jardin son petit terrain, quâelle pouvait cultiver selon son bon plaisir. Lâune lui donnait la forme dâune baleine, lâautre celle dâune sirĂšne ; mais la plus jeune fit le sien rond comme le soleil, et nây planta que des fleurs rouges comme lui. CâĂ©tait une enfant bizarre, silencieuse et rĂ©flĂ©chie. Lorsque ses sĆurs jouaient avec diffĂ©rents objets provenant des bĂątiments naufragĂ©s, elle sâamusait Ă parer une jolie statuette de marbre blanc, reprĂ©sentant un charmant petit garçon, placĂ©e sous un saule pleureur magnifique, couleur de rose, qui la couvrait dâune ombre violette. Son plus grand plaisir consistait Ă Ă©couter des rĂ©cits sur le monde oĂč vivent les hommes. Toujours elle priait sa vieille grandâmĂšre de lui parler des vaisseaux, des villes, des hommes et des animaux. Elle sâĂ©tonnait surtout que sur la terre les fleurs exhalassent un parfum quâelles nâont pas sous les eaux de la mer, et que les forĂȘts y fussent vertes. Elle ne pouvait pas sâimaginer comment les poissons chantaient et sautillaient sur les arbres. La grandâmĂšre appelait les petits oiseaux des poissons ; sans quoi elle ne se serait pas fait comprendre. Lorsque vous aurez quinze ans, dit la grandâmĂšre, je vous donnerai la permission de monter Ă la surface de la mer et de vous asseoir au clair de la lune sur des rochers, pour voir passer les grands vaisseaux et faire connaissance avec les forĂȘts et les villes. » LâannĂ©e suivante, lâaĂźnĂ©e des sĆurs allait atteindre sa quinziĂšme annĂ©e, et comme il nây avait quâune annĂ©e de diffĂ©rence entre chaque sĆur, la plus jeune devait encore attendre cinq ans pour sortir du fond de la mer. Mais lâune promettait toujours Ă lâautre de lui faire le rĂ©cit des merveilles quâelle aurait vues Ă sa premiĂšre sortie ; car leur grandâmĂšre ne parlait jamais assez, et il y avait tant de choses quâelles brĂ»laient de savoir ! La plus curieuse, câĂ©tait certes la plus jeune ; souvent, la nuit, elle se tenait auprĂšs de la fenĂȘtre ouverte, cherchant Ă percer de ses regards lâĂ©paisseur de lâeau bleue que les poissons battaient de leurs nageoires et de leur queue. Elle aperçut en effet la lune et les Ă©toiles, mais elles lui paraissaient toutes pĂąles et considĂ©rablement grossies par lâeau. Lorsque quelque nuage noir les voilait, elle savait que câĂ©tait une baleine ou un navire chargĂ© dâhommes qui nageait au-dessus dâelle. Certes, ces hommes ne pensaient pas quâune charmante petite sirĂšne Ă©tendait au-dessous dâeux ses mains blanches vers la carĂšne. Le jour vint oĂč la princesse aĂźnĂ©e atteignit sa quinziĂšme annĂ©e, et elle monta Ă la surface de la mer. Ă son retour, elle avait mille choses Ă raconter. Oh ! disait-elle, câest dĂ©licieux de voir, Ă©tendue au clair de la lune sur un banc de sable, au milieu de la mer calme, les rivages de la grande ville oĂč les lumiĂšres brillent comme des centaines dâĂ©toiles ; dâentendre la musique harmonieuse, le son des cloches des Ă©glises, et tout ce bruit dâhommes et de voitures ! » Oh ! comme sa petite sĆur lâĂ©coutait attentivement ! Tous les soirs, debout Ă la fenĂȘtre ouverte, regardant Ă travers lâĂ©norme masse dâeau, elle rĂȘvait Ă la grande ville, Ă son bruit et Ă ses lumiĂšres, et croyait entendre sonner les cloches tout prĂšs dâelle. LâannĂ©e suivante, la seconde des sĆurs reçut la permission de monter. Elle sortit sa tĂȘte de lâeau au moment oĂč le soleil touchait Ă lâhorizon, et la magnificence de ce spectacle la ravit au dernier point. Tout le ciel, disait-elle Ă son retour, ressemblait Ă de lâor, et la beautĂ© des nuages Ă©tait au-dessus de tout ce quâon peut imaginer. Ils passaient devant moi, rouges et violets, et au milieu dâeux volait vers le soleil, comme un long voile blanc, une bande de cygnes sauvages. Moi aussi jâai voulu nager vers le grand astre rouge ; mais tout Ă coup il a disparu, et la lueur rose qui teignait la surface de la mer ainsi que les nuages sâĂ©vanouit bientĂŽt. » Puis vint le tour de la troisiĂšme sĆur. CâĂ©tait la plus hardie, aussi elle remonta le cours dâun large fleuve. Elle vit dâadmirables collines plantĂ©es de vignes, de chĂąteaux et de fermes situĂ©s au milieu de forĂȘts superbes. Elle entendit le chant des oiseaux, et la chaleur du soleil la força Ă se plonger plusieurs fois dans lâeau pour rafraĂźchir sa figure. Dans une baie, elle rencontra une foule de petits ĂȘtres humains qui jouaient en se baignant. Elle voulut jouer avec eux, mais ils se sauvĂšrent tout effrayĂ©s, et un animal noir â câĂ©tait un chien â se mit Ă aboyer si terriblement quâelle fut prise de peur et regagna promptement la pleine mer. Mais jamais elle ne put oublier les superbes forĂȘts, les collines vertes et les gentils enfants qui savaient nager, quoiquâils nâeussent point de queue de poisson. La quatriĂšme sĆur, qui Ă©tait moins hardie, aima mieux rester au milieu de la mer sauvage, oĂč la vue sâĂ©tendait Ă plusieurs lieues, et oĂč le ciel sâarrondissait au-dessus de lâeau comme une grande cloche de verre. Elle apercevait de loin les navires, pas plus grands que des mouettes ; les dauphins joyeux faisaient des culbutes, et les baleines colossales lançaient des jets dâeau de leurs narines. Le tour de la cinquiĂšme arriva ; son jour tomba prĂ©cisĂ©ment en hiver aussi vit-elle ce que les autres nâavaient pas encore pu voir. La mer avait une teinte verdĂątre, et partout nageaient, avec des formes bizarres, et brillantes comme des diamants, des montagnes de glace. Chacune dâelles, disait la voyageuse, ressemble Ă une perle plus grosse que les tours dâĂ©glise que bĂątissent les hommes. » Elle sâĂ©tait assise sur une des plus grandes, et tous les navigateurs se sauvaient de cet endroit oĂč elle abandonnait sa longue chevelure au grĂ© des vents. Le soir, un orage couvrit le ciel de nuĂ©es ; les Ă©clairs brillĂšrent, le tonnerre gronda, tandis que la mer, noire et agitĂ©e, Ă©levant les grands monceaux de glace, les faisait briller de lâĂ©clat rouge des Ă©clairs. Toutes les voiles furent serrĂ©es, la terreur se rĂ©pandit partout ; mais elle, tranquillement assise sur sa montagne de glace, vit la foudre tomber en zigzag sur lâeau luisante. La premiĂšre fois quâune des sĆurs sortait de lâeau, elle Ă©tait toujours enchantĂ©e de toutes les nouvelles choses quâelle apercevait ; mais, une fois grandie, lorsquâelle pouvait monter Ă loisir, le charme disparaissait, et elle disait au bout dâun mois quâen bas tout Ă©tait bien plus gentil, et que rien ne valait son chez-soi. Souvent, le soir, les cinq sĆurs, se tenant par le bras, montaient ainsi Ă la surface de lâeau. Elles avaient des voix enchanteresses comme nulle crĂ©ature humaine, et, si par hasard quelque orage leur faisait croire quâun navire allait sombrer, elles nageaient devant lui et entonnaient des chants magnifiques sur la beautĂ© du fond de la mer, invitant les marins Ă leur rendre visite. Mais ceux-ci ne pouvaient comprendre les paroles des sirĂšnes, et ils ne virent jamais les magnificences quâelles cĂ©lĂ©braient ; car, aussitĂŽt le navire englouti, les hommes se noyaient, et leurs cadavres seuls arrivaient au chĂąteau du roi de la mer. Pendant lâabsence de ses cinq sĆurs, la plus jeune, restĂ©e seule auprĂšs de la fenĂȘtre, les suivait du regard et avait envie de pleurer. Mais une sirĂšne nâa point de larmes, et son cĆur en souffre davantage. Oh ! si jâavais quinze ans ! disait-elle, je sens dĂ©jĂ combien jâaimerais le monde dâen haut et les hommes qui lâhabitent. » Le jour vint oĂč elle eut quinze ans. Tu vas partir, lui dit sa grandâmĂšre, la vieille reine douairiĂšre viens que je fasse ta toilette comme Ă tes sĆurs. » Et elle posa sur ses cheveux une couronne de lis blancs dont chaque feuille Ă©tait la moitiĂ© dâune perle ; puis elle fit attacher Ă la queue de la princesse huit grandes huĂźtres pour dĂ©signer, son rang Ă©levĂ©. Comme elles me font mal ! dit la petite sirĂšne. â Si lâon veut ĂȘtre bien habillĂ©e, il faut souffrir un peu, » rĂ©pliqua la vieille reine. Cependant la jeune fille aurait volontiers rejetĂ© tout ce luxe et la lourde couronne qui pesait sur sa tĂȘte. Les fleurs rouges de son jardin lui allaient beaucoup mieux ; mais elle nâosa pas faire dâobservations. Adieu ! » dit-elle ; et, lĂ©gĂšre comme une bulle de savon, elle traversa lâeau. Lorsque sa tĂȘte apparut Ă la surface de la mer, le soleil venait de se coucher ; mais les nuages brillaient encore comme des roses et de lâor, et lâĂ©toile du soir Ă©tincelait au milieu du ciel. Lâair Ă©tait doux et frais, la mer paisible. PrĂšs de la petite sirĂšne se trouvait un navire Ă trois mĂąts ; il nâavait quâune voile dehors, Ă cause du calme, et les matelots Ă©taient assis sur les vergues et sur les cordages. La musique et les chants y rĂ©sonnaient sans cesse, et Ă lâapproche de la nuit on alluma cent lanternes de diverses couleurs suspendues aux cordages on aurait cru voir les pavillons de toutes les nations. La petite sirĂšne nagea jusquâĂ la fenĂȘtre de la grande chambre, et, chaque fois que lâeau la soulevait, elle apercevait Ă travers les vitres transparentes une quantitĂ© dâhommes magnifiquement habillĂ©s. Le plus beau dâentre eux Ă©tait un jeune prince aux grands cheveux noirs, ĂągĂ© dâenviron seize ans, et câĂ©tait pour cĂ©lĂ©brer sa fĂȘte que tous ces prĂ©paratifs avaient lieu. Les matelots dansaient sur le pont, et lorsque le jeune prince sây montra, cent fusĂ©es sâĂ©levĂšrent dans les airs, rĂ©pandant une lumiĂšre comme celle du jour. La petite sirĂšne eut peur et sâenfonça dans lâeau ; mais bientĂŽt elle reparut, et alors toutes les Ă©toiles du ciel semblĂšrent pleuvoir sur elle. Jamais elle nâavait vu un pareil feu dâartifice ; de grands soleils tournaient, des poissons de feu fendaient lâair, et toute la mer, pure et calme, brillait. Sur le navire on pouvait voir chaque petit cordage, et encore mieux les hommes. Oh ! que le jeune prince Ă©tait beau ! Il serrait la main Ă tout le monde, parlait et souriait Ă chacun tandis que la musique envoyait dans la nuit ses sons harmonieux. Il Ă©tait tard, mais la petite sirĂšne ne put se lasser dâadmirer le vaisseau et le beau prince. Les lanternes ne brillaient plus et les coups de canon avaient cessĂ© ; toutes les voiles furent successivement dĂ©ployĂ©es et le vaisseau sâavança rapidement sur lâeau. La princesse le suivit, sans dĂ©tourner un instant ses regards de la fenĂȘtre. Mais bientĂŽt la mer commença Ă sâagiter ; les vagues grossissaient, et de grands nuages noirs sâamoncelaient dans le ciel. Dans le lointain brillaient les Ă©clairs, un orage terrible se prĂ©parait. Le vaisseau se balançait sur la mer impĂ©tueuse, dans une marche rapide. Les vagues, se dressant comme de hautes montagnes, tantĂŽt le faisaient rouler entre elles comme un cygne, tantĂŽt lâĂ©levaient sur leur cime. La petite sirĂšne se plut dâabord Ă ce voyage accidentĂ© ; mais, lorsque le vaisseau, subissant de violentes secousses, commença Ă craquer, lorsque tout Ă coup le mĂąt se brisa comme un jonc, et que le vaisseau se pencha dâun cĂŽtĂ© tandis que lâeau pĂ©nĂ©trait dans la cale, alors elle comprit le danger, et elle dut prendre garde elle-mĂȘme aux poutres et aux dĂ©bris qui se dĂ©tachaient du bĂątiment. Par moments il se faisait une telle obscuritĂ©, quâelle ne distinguait absolument rien ; dâautres fois, les Ă©clairs lui rendaient visibles les moindres dĂ©tails de cette scĂšne. Lâagitation Ă©tait Ă son comble sur le navire ; encore une secousse ! il se fendit tout Ă fait, et elle vit le jeune prince sâengloutir dans la mer profonde. TransportĂ©e de joie, elle crut quâil allait descendre dans sa demeure ; mais elle se rappela que les hommes ne peuvent vivre dans lâeau, et que par consĂ©quent il arriverait mort au chĂąteau de son pĂšre. Alors, pour le sauver, elle traversa Ă la nage les poutres et les planches Ă©parses sur la mer, au risque de se faire Ă©craser, plongea profondĂ©ment sous lâeau Ă plusieurs reprises, et ainsi elle arriva jusquâau jeune prince, au moment oĂč ses forces commençaient Ă lâabandonner et oĂč il fermait dĂ©jĂ les yeux, prĂšs de mourir. La petite sirĂšne le saisit, soutint sa tĂȘte au-dessus de lâeau, puis sâabandonna avec lui au caprice des vagues. Le lendemain matin, le beau temps Ă©tait revenu, mais il ne restait plus rien du vaisseau. Un soleil rouge, aux rayons pĂ©nĂ©trants, semblait rappeler la vie sur les joues du prince ; mais ses yeux restaient toujours fermĂ©s. La sirĂšne dĂ©posa un baiser sur son front et releva ses cheveux mouillĂ©s. Elle lui trouva une ressemblance avec la statue de marbre de son petit jardin, et fit des vĆux pour son salut. Elle passa devant la terre ferme, couverte de hautes montagnes bleues Ă la cime desquelles brillait la neige blanche. Au pied de la cĂŽte, au milieu dâune superbe forĂȘt verte, sâĂ©tendait un village avec une Ă©glise ou un couvent. En dehors des portes sâĂ©levaient de grands palmiers, et dans les jardins croissaient des orangers et des citronniers ; non loin de cet endroit, la mer formait un petit golfe, sâallongeant jusquâĂ un rocher couvert dâun sable fin et blanc. Câest lĂ que la sirĂšne dĂ©posa le prince, ayant soin de lui tenir la tĂȘte haute et de la prĂ©senter aux rayons du soleil. BientĂŽt les cloches de lâĂ©glise commencĂšrent Ă sonner, et une quantitĂ© de jeunes filles apparurent dans un des jardins. La petite sirĂšne sâĂ©loigna en nageant, et se cacha derriĂšre quelques grosses pierres pour observer ce qui arriverait au pauvre prince. Quelques moments aprĂšs, une des jeunes filles vint Ă passer devant lui ; dâabord, elle parut sâeffrayer, mais, se remettant aussitĂŽt, elle courut chercher dâautres personnes qui prodiguĂšrent au prince toute espĂšce de soins. La sirĂšne le vit reprendre ses sens et sourire Ă tous ceux qui lâentouraient ; Ă elle seule il ne sourit pas, ignorant qui lâavait sauvĂ©. Aussi, lorsquâelle le vit conduire dans une grande maison, elle plongea tristement et retourna au chĂąteau de son pĂšre. Elle avait toujours Ă©tĂ© silencieuse et rĂ©flĂ©chie ; Ă partir de ce jour, elle le devint encore davantage. Ses sĆurs la questionnĂšrent sur ce quâelle avait vu lĂ -haut, mais elle ne raconta rien. Plus dâune fois, le soir et le matin, elle retourna Ă lâendroit oĂč elle avait laissĂ© le prince. Elle vit mĂ»rir les fruits du jardin, elle vit fondre la neige sur les hautes montagnes, mais elle ne vit pas le prince ; et elle retournait toujours plus triste au fond de la mer. LĂ , sa seule consolation Ă©tait de sâasseoir dans son petit jardin et dâentourer de ses bras la jolie statuette de marbre qui ressemblait au prince, tandis que ses fleurs nĂ©gligĂ©es, oubliĂ©es, sâallongeaient dans les allĂ©es comme dans un lieu sauvage, entrelaçaient leurs longues tiges dans les branches des arbres, et formaient ainsi des voĂ»tes Ă©paisses qui obstruaient la lumiĂšre. Enfin cette existence lui devint insupportable ; elle confia tout Ă une de ses sĆurs, qui le raconta aussitĂŽt aux autres, mais Ă elles seules et Ă quelques autres sirĂšnes qui ne le rĂ©pĂ©tĂšrent quâĂ leurs amies intimes. Il se trouva quâune de ces derniĂšres, ayant vu aussi la fĂȘte cĂ©lĂ©brĂ©e sur le vaisseau, connaissait le prince et savait lâendroit oĂč Ă©tait situĂ© son royaume. Viens, petite sĆur, » dirent les autres princesses ; et, sâentrelaçant les bras sur les Ă©paules, elles sâĂ©levĂšrent en file sur la mer devant le chĂąteau du prince. Ce chĂąteau Ă©tait construit de pierres jaunes et luisantes ; de grands escaliers de marbre conduisaient Ă lâintĂ©rieur et au jardin ; plusieurs dĂŽmes dorĂ©s brillaient sur le toit, et entre les colonnes des galeries se trouvaient des statues de marbre qui paraissaient vivantes. Les salles, magnifiques, Ă©taient ornĂ©es de rideaux et de tapis incomparables, et les murs couverts de grandes peintures. Dans le grand salon, le soleil rĂ©chauffait, Ă travers un plafond de cristal, les plantes les plus rares, qui poussaient dans un grand bassin au-dessous de plusieurs jets dâeau. DĂšs lors, la petite sirĂšne revint souvent Ă cet endroit, la nuit comme le jour ; elle sâapprochait de la cĂŽte, et osait mĂȘme sâasseoir sous le grand balcon de marbre qui projetait son ombre bien avant sur les eaux. De lĂ , elle voyait au clair de la lune le jeune prince, qui se croyait seul ; souvent, au son de la musique, il passa devant elle dans un riche bateau pavoisĂ©, et ceux qui apercevaient son voile blanc dans les roseaux verts la prenaient pour un cygne ouvrant ses ailes. Elle entendait aussi les pĂȘcheurs dire beaucoup de bien du jeune prince, et alors elle se rĂ©jouissait de lui avoir sauvĂ© la vie, quoiquâil lâignorĂąt complĂštement. Son affection pour les hommes croissait de jour en jour, de jour en jour aussi elle dĂ©sirait davantage sâĂ©lever jusquâĂ eux. Leur monde lui semblait bien plus vaste que le sien ; ils savaient franchir la mer avec des navires, grimper sur les hautes montagnes au delĂ des nues ; ils jouissaient dâimmenses forĂȘts et de champs verdoyants. Ses sĆurs ne pouvant satisfaire toute sa curiositĂ©, elle questionna sa vieille grandâmĂšre, qui connaissait bien le monde plus Ă©levĂ©, celui quâelle appelait Ă juste titre les pays au-dessus de la mer. Si les hommes ne se noient pas, demanda la jeune princesse, est-ce quâils vivent Ă©ternellement ? Ne meurent-ils pas comme nous ? â Sans doute, rĂ©pondit la vieille, ils meurent, et leur existence est mĂȘme plus courte que la nĂŽtre. Nous autres, nous vivons quelquefois trois cents ans ; puis, cessant dâexister, nous nous transformons en Ă©cume, car au fond de la mer ne se trouvent point de tombes pour recevoir les corps inanimĂ©s. Notre Ăąme nâest pas immortelle ; avec la mort tout est fini. Nous sommes comme les roseaux verts une fois coupĂ©s, ils ne verdissent plus jamais ! Les hommes, au contraire, possĂšdent une Ăąme qui vit Ă©ternellement, qui vit aprĂšs que leur corps sâest changĂ© en poussiĂšre ; cette Ăąme monte Ă travers la subtilitĂ© de lâair jusquâaux Ă©toiles qui brillent, et, de mĂȘme que nous nous Ă©levons du fond des eaux pour voir le pays des hommes, ainsi eux sâĂ©lĂšvent Ă de dĂ©licieux endroits, immenses, inaccessibles aux peuples de la mer. â Mais pourquoi nâavons-nous pas aussi une Ăąme immortelle ? dit la petite sirĂšne affligĂ©e ; je donnerais volontiers les centaines dâannĂ©es qui me restent Ă vivre pour ĂȘtre homme, ne fĂ»t-ce quâun jour, et participer ensuite au monde cĂ©leste. â Ne pense pas Ă de pareilles sottises, rĂ©pliqua la vieille ; nous sommes bien plus heureux ici en bas que les hommes lĂ -haut. â Il faut donc un jour que je meure ; je ne serai plus quâun peu dâĂ©cume ; pour moi plus de murmure des vagues, plus de fleurs, plus de soleil ! Nâest-il donc aucun moyen pour moi dâacquĂ©rir une Ăąme immortelle ? â Un seul, mais Ă peu prĂšs impossible. Il faudrait quâun homme conçût pour toi un amour infini, que tu lui devinsses plus chĂšre que son pĂšre et sa mĂšre. Alors, attachĂ© Ă toi de toute son Ăąme et de tout son cĆur, sâil faisait unir par un prĂȘtre sa main droite Ă la tienne en promettant une fidĂ©litĂ© Ă©ternelle, son Ăąme se communiquerait Ă ton corps, et tu serais admise au bonheur des hommes. Mais jamais une telle chose ne pourra se faire ! Ce qui passe ici dans la mer pour la plus grande beautĂ©, ta queue de poisson, ils la trouvent dĂ©testable sur la terre. Pauvres hommes ! Pour ĂȘtre beaux, ils sâimaginent quâil leur faut deux supports grossiers, quâils appellent jambes ! » La petite sirĂšne soupira tristement en regardant sa queue de poisson. Soyons gaies ! dit la vieille, sautons et amusons-nous le plus possible pendant les trois cents annĂ©es de notre existence ; câest, ma foi, un laps de temps assez gentil, nous nous reposerons dâautant mieux aprĂšs. Ce soir il y a bal Ă la cour. » On ne peut se faire une idĂ©e sur la terre dâune pareille magnificence. La grande salle de danse tout entiĂšre nâĂ©tait que de cristal ; des milliers de coquillages Ă©normes, rangĂ©s de chaque cĂŽtĂ©, Ă©clairaient la salle dâune lumiĂšre bleuĂątre, qui, Ă travers les murs transparents, illuminait aussi la mer au dehors. On y voyait nager dâinnombrables poissons, grands et petits, couverts dâĂ©cailles luisantes comme de la pourpre, de lâor et de lâargent. Au milieu de la salle coulait une large riviĂšre sur laquelle dansaient les dauphins et les sirĂšnes, au son de leur propre voix, qui Ă©tait superbe. La petite sirĂšne fut celle qui chanta le mieux, et on lâapplaudit si fort, que pendant un instant la satisfaction lui fit oublier les merveilles de la terre. Mais bientĂŽt elle reprit ses anciens chagrins, pensant au beau prince et Ă son Ăąme immortelle. Elle quitta le chant et les rires, sortit tout doucement du chĂąteau, et sâassit dans son petit jardin. LĂ , elle entendit le son des cors qui pĂ©nĂ©trait lâeau. Le voilĂ qui passe, celui que jâaime de tout mon cĆur et de toute mon Ăąme, celui qui occupe toutes mes pensĂ©es, Ă qui je voudrais confier le bonheur de ma vie ! Je risquerais tout pour lui et pour gagner une Ăąme immortelle. Pendant que mes sĆurs dansent dans le chĂąteau de mon pĂšre, je vais aller trouver la sorciĂšre de la mer, que jâai tant eue en horreur jusquâĂ ce jour. Elle pourra peut-ĂȘtre me donner des conseils et me venir en aide. » Et la petite sirĂšne, sortant de son jardin, se dirigea vers les tourbillons mugissants derriĂšre lesquels demeurait la sorciĂšre. Jamais elle nâavait suivi ce chemin. Pas une fleur ni un brin dâherbe nây poussait. Le fond, de sable gris et nu, sâĂ©tendait jusquâĂ lâendroit oĂč lâeau, comme des meules de moulin, tournait rapidement sur elle-mĂȘme, engloutissant tout ce quâelle pouvait attraper. La princesse se vit obligĂ©e de traverser ces terribles tourbillons pour arriver aux domaines de la sorciĂšre, dont la maison sâĂ©levait au milieu dâune forĂȘt Ă©trange. Tous les arbres et tous les buissons nâĂ©taient que des polypes, moitiĂ© animaux, moitiĂ© plantes, pareils Ă des serpents Ă cent tĂȘtes sortant de terre. Les branches Ă©taient des bras longs et gluants, terminĂ©s par des doigts en forme de vers, et qui remuaient continuellement. Ces bras sâenlaçaient sur tout ce quâils pouvaient saisir, et ne le lĂąchaient plus. La petite sirĂšne, prise de frayeur, aurait voulu sâen retourner ; mais en pensant au prince et Ă lâĂąme de lâhomme, elle sâarma de tout son courage. Elle attacha autour de sa tĂȘte sa longue chevelure flottante, pour que les polypes ne pussent la saisir, croisa ses bras sur sa poitrine, et nagea ainsi, rapide comme un poisson, parmi ces vilaines crĂ©atures dont chacune serrait comme avec des liens de fer quelque chose entre ses bras, soit des squelettes blancs de naufragĂ©s, soit des rames, soit des caisses ou des carcasses dâanimaux. Pour comble dâeffroi, la princesse en vit une qui enlaçait une petite sirĂšne Ă©touffĂ©e. Enfin elle arriva Ă une grande place dans la forĂȘt, oĂč de gros serpents de mer se roulaient en montrant leur hideux ventre jaunĂątre. Au milieu de cette place se trouvait la maison de la sorciĂšre, construite avec les os des naufragĂ©s, et oĂč la sorciĂšre, assise sur une grosse pierre, donnait Ă manger Ă un crapaud dans sa main, comme les hommes font manger du sucre aux petits canaris. Elle appelait les affreux serpents ses petits poulets, et se plaisait Ă les faire rouler sur sa grosse poitrine spongieuse. Je sais ce que tu veux, sâĂ©cria-t-elle en apercevant la princesse ; tes dĂ©sirs sont stupides ; nĂ©anmoins je mây prĂȘterai, car je sais quâils te porteront malheur. Tu veux te dĂ©barrasser de ta queue de poisson, et la remplacer par deux de ces piĂšces avec lesquelles marchent les hommes, afin que le prince sâamourache de toi, tâĂ©pouse et te donne une Ăąme immortelle. » Ă ces mots elle Ă©clata dâun rire Ă©pouvantable, qui fit tomber Ă terre le crapaud et les serpents. Enfin tu as bien fait de venir ; demain, au lever du soleil, câeĂ»t Ă©tĂ© trop tard, et il tâaurait fallu attendre encore une annĂ©e. Je vais te prĂ©parer un Ă©lixir que tu emporteras Ă terre avant le point du jour. Assieds-toi sur la cĂŽte, et bois-le. AussitĂŽt ta queue se rĂ©trĂ©cira et se partagera en ce que les hommes appellent deux belles jambes. Mais je te prĂ©viens que cela te fera souffrir comme si lâon te coupait avec une Ă©pĂ©e tranchante. Tout le monde admirera ta beautĂ©, tu conserveras ta marche lĂ©gĂšre et gracieuse, mais chacun de tes pas te causera autant de douleur que si tu marchais sur des pointes dâĂ©pingle, et fera couler ton sang. Si tu veux endurer toutes ces souffrances, je consens Ă tâaider. â Je les supporterai ! dit la sirĂšne dâune voix tremblante, en pensant au prince et Ă lâĂąme immortelle. â Mais souviens-toi, continua la sorciĂšre, quâune fois changĂ©e en ĂȘtre humain, jamais tu ne pourras redevenir sirĂšne ! Jamais tu ne reverras le chĂąteau de ton pĂšre ; et si le prince, oubliant son pĂšre et sa mĂšre, ne sâattache pas Ă toi de tout son cĆur et de toute son Ăąme, ou sâil ne veut pas faire bĂ©nir votre union par un prĂȘtre, tu nâauras jamais une Ăąme immortelle. Le jour oĂč il Ă©pousera une autre femme, ton cĆur se brisera, et tu ne seras plus quâun peu dâĂ©cume sur la cime des vagues. â Jây consens, dit la princesse, pĂąle comme la mort. â En ce cas, poursuivit la sorciĂšre, il faut aussi que tu me payes ; et je ne demande pas peu de chose. Ta voix est la plus belle parmi celles du fond de la mer, tu penses avec elle enchanter le prince, mais câest prĂ©cisĂ©ment ta voix que jâexige en payement. Je veux ce que tu as de plus beau en Ă©change de mon prĂ©cieux Ă©lixir ; car, pour le rendre bien efficace, je dois y verser mon propre sang. â Mais si tu prends ma voix, demanda la petite sirĂšne, que me restera-t-il ? â Ta charmante figure, rĂ©pondit la sorciĂšre, ta marche lĂ©gĂšre et gracieuse, et tes yeux expressifs cela suffit pour entortiller le cĆur dâun homme. Allons ! du courage ! Tire ta langue, que je la coupe, puis je te donnerai lâĂ©lixir. â Soit ! » rĂ©pondit la princesse, et la sorciĂšre lui coupa la langue. La pauvre enfant resta muette. LĂ -dessus, la sorciĂšre mit son chaudron sur le feu pour faire bouillir la boisson magique. La propretĂ© est une bonne chose, » dit-elle en prenant un paquet de vipĂšres pour nettoyer le chaudron. Puis, se faisant une entaille dans la poitrine, elle laissa couler son sang noir dans le chaudron. Une vapeur Ă©paisse en sortit, formant des figures bizarres, affreuses. Ă chaque instant, la vieille ajoutait un nouvel ingrĂ©dient, et, lorsque le mĂ©lange bouillit Ă gros bouillons, il rendit un son pareil aux gĂ©missements du crocodile. LâĂ©lixir, une fois prĂ©parĂ©, ressemblait Ă de lâeau claire. Le voici, dit la sorciĂšre, aprĂšs lâavoir versĂ© dans une fiole. Si les polypes voulaient te saisir, quand tu tâen retourneras par ma forĂȘt, tu nâas quâĂ leur jeter une goutte de cette boisson, et ils Ă©clateront en mille morceaux. » Ce conseil Ă©tait inutile ; car les polypes, en apercevant lâĂ©lixir qui luisait dans la main de la princesse comme une Ă©toile, reculĂšrent effrayĂ©s devant elle. Ainsi elle traversa la forĂȘt et les tourbillons mugissants. Quand elle arriva au chĂąteau de son pĂšre, les lumiĂšres de la grande salle de danse Ă©taient Ă©teintes ; tout le monde dormait sans doute, mais elle nâosa pas entrer. Elle ne pouvait plus leur parler, et bientĂŽt elle allait les quitter pour jamais. Il lui semblait que son cĆur se brisait de chagrin. Elle se glissa ensuite dans le jardin, cueillit une fleur de chaque parterre de ses sĆurs, envoya du bout des doigts mille baisers au chĂąteau, et monta Ă la surface de la mer. Le soleil ne sâĂ©tait pas encore levĂ© lorsquâelle vit le chĂąteau du prince. Elle sâassit sur la cĂŽte et but lâĂ©lixir ; ce fut comme si une Ă©pĂ©e affilĂ©e lui traversait le corps ; elle sâĂ©vanouit et resta comme morte. Le soleil brillait dĂ©jĂ sur la mer lorsquâelle se rĂ©veilla, Ă©prouvant une douleur cuisante. Mais en face dâelle Ă©tait le beau prince, qui attachait sur elle ses yeux noirs. La petite sirĂšne baissa les siens, et alors elle vit que sa queue de poisson avait disparu, et que deux jambes blanches et gracieuses la remplaçaient. Le prince lui demanda qui elle Ă©tait et dâoĂč elle venait ; elle le regarda dâun air doux et affligĂ©, sans pouvoir dire un mot. Puis le jeune homme la prit par la main et la conduisit au chĂąteau. Chaque pas, comme avait dit la sorciĂšre, lui causait des douleurs atroces ; cependant, au bras du prince, elle monta lâescalier de marbre, lĂ©gĂšre comme une bulle de savon, et tout le monde admira sa marche gracieuse. On la revĂȘtit de soie et de mousseline, sans pouvoir assez admirer sa beautĂ© ; mais elle restait toujours muette. Des esclaves, habillĂ©es de soie et dâor, chantaient devant le prince les exploits de ses ancĂȘtres ; elles chantaient bien, et le prince les applaudissait en souriant Ă la jeune fille. Sâil savait, pensa-t-elle, que pour lui jâai sacrifiĂ© une voix plus belle encore ! » AprĂšs le chant, les esclaves exĂ©cutĂšrent une danse gracieuse au son dâune musique charmante. Mais lorsque la petite sirĂšne se mit Ă danser, Ă©levant ses bras blancs et se tenant sur la pointe des pieds, sans toucher presque le plancher, tandis que ses yeux parlaient au cĆur mieux que le chant des esclaves, tous furent ravis en extase ; le prince sâĂ©cria quâelle ne le quitterait jamais, et lui permit de dormir Ă sa porte sur un coussin de velours. Tout le monde ignorait les souffrances quâelle avait endurĂ©es en dansant. Le lendemain, le prince lui donna un costume dâamazone pour quâelle le suivĂźt Ă cheval. Ils traversĂšrent ainsi les forĂȘts parfumĂ©es et gravirent les hautes montagnes ; la princesse, tout en riant, sentait saigner ses pieds. La nuit, lorsque les autres dormaient, elle descendit secrĂštement lâescalier de marbre et se rendit Ă la cĂŽte pour rafraĂźchir ses pieds brĂ»lants dans lâeau froide de la mer, et le souvenir de sa patrie revint Ă son esprit. Une nuit, elle aperçut ses sĆurs se tenant par la main ; elles chantaient si tristement en nageant, que la petite sirĂšne ne put sâempĂȘcher de leur faire signe. Lâayant reconnue, elles lui racontĂšrent combien elle leur avait causĂ© de chagrin. Toutes les nuits elles revinrent, et une fois elles amenĂšrent aussi la vieille grandâmĂšre, qui depuis nombre dâannĂ©es nâavait pas mis la tĂȘte hors de lâeau, et le roi de la mer avec sa couronne de corail. Tous les deux Ă©tendirent leurs mains vers leur fille ; mais ils nâosĂšrent pas, comme ses sĆurs, sâapprocher de la cĂŽte. Tous les jours le prince lâaimait de plus en plus, mais il lâaimait comme on aime une enfant bonne et gentille, sans avoir lâidĂ©e dâen faire sa femme. Cependant, pour quâelle eĂ»t une Ăąme immortelle et quâelle ne devĂźnt pas un jour un peu dâĂ©cume, il fallait que le prince Ă©pousĂąt la sirĂšne. Ne mâaimes-tu pas mieux que toutes les autres ? voilĂ ce que semblaient dire les yeux de la pauvre petite lorsque, la prenant dans ses bras, il dĂ©posait un baiser sur son beau front. â Certainement, rĂ©pondit le prince, car tu as meilleur cĆur que toutes les autres ; tu mâes plus dĂ©vouĂ©e, et tu ressembles Ă une jeune fille que jâai vue un jour, mais que sans doute je ne reverrai jamais. Me trouvant sur un navire, qui fit naufrage, je fus poussĂ© Ă terre par les vagues, prĂšs dâun couvent habitĂ© par plusieurs jeunes filles. La plus jeune dâentre elles me trouva sur la cĂŽte et me sauva la vie, mais je ne la vis que deux fois. Jamais, dans le monde, je ne pourrai aimer une autre quâelle ; eh bien ! tu lui ressembles, quelquefois mĂȘme tu remplaces son image dans mon Ăąme. â HĂ©las ! pensa la petite sirĂšne, il ignore que câest moi qui lâai portĂ© Ă travers les flots jusquâau couvent pour le sauver. Il en aime une autre ! Cependant cette jeune fille est enfermĂ©e dans un couvent, elle ne sort jamais ; peut-ĂȘtre lâoubliera-t-il pour moi, pour moi qui lâaimerai et lui serai dĂ©vouĂ©e toute ma vie. » Le prince va Ă©pouser la charmante fille du roi voisin, dit-on un jour ; il Ă©quipe un superbe navire sous prĂ©texte de rendre seulement visite au roi, mais la vĂ©ritĂ© est quâil va Ă©pouser sa fille. » Cela fit sourire la sirĂšne, qui savait mieux que personne les pensĂ©es du prince, car il lui avait dit Puisque mes parents lâexigent, jâirai voir la belle princesse, mais jamais ils ne me forceront Ă la ramener pour en faire ma femme. Je ne puis lâaimer ; elle ne ressemble pas, comme toi, Ă la jeune fille du couvent, et je prĂ©fĂ©rerais tâĂ©pouser, toi, pauvre enfant trouvĂ©e, aux yeux si expressifs, malgrĂ© ton Ă©ternel silence. » Le prince partit. En parlant ainsi, il avait dĂ©posĂ© un baiser sur sa longue chevelure. JâespĂšre que tu ne crains pas la mer, mon enfant, » lui dit-il sur le navire qui les emportait. Puis il lui parla des tempĂȘtes et de la mer en fureur, des Ă©tranges poissons et de tout ce que les plongeurs trouvent au fond des eaux. Ces discours la faisaient sourire, car elle connaissait le fond de la mer mieux que personne assurĂ©ment. Au clair de la lune, lorsque les autres dormaient, assise sur le bord du vaisseau, elle plongeait ses regards dans la transparence de lâeau, et croyait apercevoir le chĂąteau de son pĂšre, et sa vieille grandâmĂšre les yeux fixĂ©s sur la carĂšne. Une nuit, ses sĆurs lui apparurent ; elles la regardaient tristement et se tordaient les mains. La petite les appela par des signes, et sâefforça de leur faire entendre que tout allait bien ; mais au mĂȘme instant le mousse sâapprocha, et elles disparurent en laissant croire au petit marin quâil nâavait vu que lâĂ©cume de la mer. Le lendemain, le navire entra dans le port de la ville oĂč rĂ©sidait le roi voisin. Toutes les cloches sonnĂšrent, la musique retentit du haut des tours, et les soldats se rangĂšrent sous leurs drapeaux flottants. Tous les jours ce nâĂ©taient que fĂȘtes, bals, soirĂ©es ; mais la princesse nâĂ©tait pas encore arrivĂ©e du couvent, oĂč elle avait reçu une brillante Ă©ducation. La petite sirĂšne Ă©tait bien curieuse de voir sa beautĂ© elle eut enfin cette satisfaction. Elle dut reconnaĂźtre que jamais elle nâavait vu une si belle figure, une peau si blanche et de grands yeux noirs si sĂ©duisants. Câest toi ! sâĂ©cria le prince en lâapercevant, câest toi qui mâas sauvĂ© la vie sur la cĂŽte ! » Et il serra dans ses bras sa fiancĂ©e rougissante, Câest trop de bonheur ! continua-t-il en se tournant vers la petite sirĂšne. Mes vĆux les plus ardents sont accomplis ! Tu partageras ma fĂ©licitĂ©, car tu mâaimes mieux que tous les autres. » Lâenfant de la mer baisa la main du prince, bien quâelle se sentĂźt le cĆur brisĂ©. Le jour de la noce de celui quâelle aimait, elle devait mourir et se changer en Ă©cume. La joie rĂ©gnait partout ; des hĂ©rauts annoncĂšrent les fiançailles dans toutes les rues au son des trompettes. Dans la grande Ă©glise, une huile parfumĂ©e brĂ»lait dans des lampes dâargent, les prĂȘtres agitaient les encensoirs ; les deux fiancĂ©s se donnĂšrent la main et reçurent la bĂ©nĂ©diction de lâĂ©vĂȘque. HabillĂ©e de soie et dâor, la petite sirĂšne assistait Ă la cĂ©rĂ©monie ; mais elle ne pensait quâĂ sa mort prochaine et Ă tout ce quâelle avait perdu dans ce monde. Le mĂȘme soir, les deux jeunes Ă©poux sâembarquĂšrent au bruit des salves dâartillerie. Tous les pavillons flottaient, au milieu du vaisseau se dressait une tente royale dâor et de pourpre, oĂč lâon avait prĂ©parĂ© un magnifique lit de repos. Les voiles sâenflĂšrent, et le vaisseau glissa lĂ©gĂšrement sur la mer limpide. Ă lâapproche de la nuit, on alluma des lampes de diverses couleurs, et les marins se mirent Ă danser joyeusement sur le pont. La petite sirĂšne se rappela alors la soirĂ©e oĂč, pour la premiĂšre fois, elle avait vu le monde des hommes. Elle se mĂȘla Ă la danse, lĂ©gĂšre comme une hirondelle, et elle se fit admirer comme un ĂȘtre surhumain. Mais il est impossible dâexprimer ce qui se passait dans son cĆur ; au milieu de la danse elle pensait Ă celui pour qui elle avait quittĂ© sa famille et sa patrie, sacrifiĂ© sa voix merveilleuse et subi des tourments inouĂŻs. Cette nuit Ă©tait la derniĂšre oĂč elle respirait le mĂȘme air que lui, oĂč elle pouvait regarder la mer profonde et le ciel Ă©toilĂ©. Une nuit Ă©ternelle, une nuit sans rĂȘve lâattendait, puisquâelle nâavait pas une Ăąme immortelle. JusquâĂ minuit la joie et la gaietĂ© rĂ©gnĂšrent autour dâelle ; elle-mĂȘme riait et dansait, la mort dans le cĆur. Enfin le prince et la princesse se retirĂšrent dans leur tente tout devint silencieux, et le pilote resta seul debout devant le gouvernail. La petite sirĂšne, appuyĂ©e sur ses bras blancs au bord du navire, regardait vers lâorient, du cĂŽtĂ© de lâaurore ; elle savait que le premier rayon du soleil allait la tuer. Soudain ses sĆurs sortirent de la mer, aussi pĂąles quâelle-mĂȘme ; leur longue chevelure ne flottait plus au vent, on lâavait coupĂ©e. Nous lâavons donnĂ©e Ă la sorciĂšre, dirent-elles, pour quâelle te vienne en aide et te sauve de la mort. Elle nous a donnĂ© un couteau bien affilĂ© que voici. Avant le lever du soleil, il faut que tu lâenfonces dans le cĆur du prince, et, lorsque son sang encore chaud tombera sur tes pieds, ils se joindront et se changeront en une queue de poisson. Tu redeviendras sirĂšne ; tu pourras redescendre dans lâeau prĂšs de nous, et ce nâest quâĂ lâĂąge de trois cents ans que tu disparaĂźtras en Ă©cume. Mais dĂ©pĂȘche-toi ! car avant le lever du soleil, il faut que lâun de vous deux meure. Tue-le, et reviens ! Vois-tu cette raie rouge Ă lâhorizon ? Dans quelques minutes le soleil paraĂźtra, et tout sera fini pour toi ! » Puis, poussant un profond soupir, elles sâenfoncĂšrent dans les vagues. La petite sirĂšne Ă©carta le rideau de la tente, et elle vit la jeune femme endormie, la tĂȘte appuyĂ©e sur la poitrine du prince. Elle sâapprocha dâeux, sâinclina, et dĂ©posa un baiser sur le front de celui quâelle avait tant aimĂ©. Ensuite elle tourna ses regards vers lâaurore, qui luisait de plus en plus regarda alternativement le couteau tranchant et le prince qui prononçait en rĂȘvant le nom de son Ă©pouse, leva lâarme dâune main tremblante, et⊠la lança loin dans les vagues. LĂ oĂč tomba le couteau, des gouttes de sang semblĂšrent rejaillir de lâeau. La sirĂšne jeta encore un regard sur le prince, et se prĂ©cipita dans la mer, oĂč elle sentit son corps se dissoudre en Ă©cume. En ce moment, le soleil sortit des flots ; ses rayons doux et bienfaisants tombaient sur lâĂ©cume froide, et la petite sirĂšne ne se sentait pas morte ; elle vit le soleil brillant, les nuages de pourpre, et au-dessus dâelle flottaient mille crĂ©atures transparentes et cĂ©lestes. Leurs voix formaient une mĂ©lodie ravissante, mais si subtile, que nulle oreille humaine ne pouvait lâentendre, comme nul Ćil humain ne pouvait voir ces crĂ©atures. Lâenfant de la mer sâaperçut quâelle avait un corps semblable aux leurs, et qui se dĂ©gageait peu Ă peu de lâĂ©cume. OĂč suis-je ? demanda-t-elle avec une voix dont aucune musique ne peut donner lâidĂ©e. â Chez les filles de lâair, rĂ©pondirent les autres. La sirĂšne nâa point dâĂąme immortelle, et elle ne peut en acquĂ©rir une que par lâamour dâun homme ; sa vie Ă©ternelle dĂ©pend dâun pouvoir Ă©tranger. Comme la sirĂšne, les filles de lâair nâont pas une Ăąme immortelle, mais elles peuvent en gagner une par leurs bonnes actions. Nous volons dans les pays chauds, oĂč lâair pestilentiel tue les hommes, pour y ramener la fraĂźcheur ; nous rĂ©pandons dans lâatmosphĂšre le parfum des fleurs ; partout oĂč nous passons, nous apportons des secours et nous ramenons la santĂ©. Lorsque nous avons fait le bien pendant trois cents ans, nous recevons une Ăąme immortelle, afin de participer Ă lâĂ©ternelle fĂ©licitĂ© des hommes. Pauvre petite sirĂšne, tu as fait de tout ton cĆur les mĂȘmes efforts que nous ; comme nous tu as souffert, et, sortie victorieuse de tes Ă©preuves, tu tâes Ă©levĂ©e jusquâau monde des esprits de lâair, oĂč il ne dĂ©pend que de toi de gagner une Ăąme immortelle par tes bonnes actions. » Et la petite sirĂšne, Ă©levant ses bras vers le ciel, versa des larmes pour la premiĂšre fois. Les accents de la gaietĂ© se firent entendre de nouveau sur le navire ; mais elle vit le prince et sa belle Ă©pouse regarder fixement avec mĂ©lancolie lâĂ©cume bouillonnante, comme sâils savaient quâelle sâĂ©tait prĂ©cipitĂ©e dans les flots. Invisible, elle embrassa la femme du prince, jeta un sourire Ă lâĂ©poux, puis monta avec les autres enfants de lâair sur un nuage rose qui sâĂ©leva dans le ciel.
TrĂšsdrĂŽle Ma fille de 4 ans et demi a beaucoup aimĂ©. On rit, les acteurs sont tres convaincants (qqs tout-petits ont eu peur dâetre mangĂ©s par lâogre!), câest participatif, dâun humour fin et abordable.
LA PRINCESSE SUR UN POIS. Il y avait une fois un prince qui voulait Ă©pouser une princesse, mais une princesse vĂ©ritable. Il fit donc le tour du monde pour en trouver une, et, Ă la vĂ©ritĂ©, les princesses ne manquaient pas ; mais il ne pouvait jamais sâassurer si câĂ©taient de vĂ©ritables princesses ; toujours quelque chose en elles lui paraissait suspect. En consĂ©quence, il revint bien affligĂ© de nâavoir pas trouvĂ© ce quâil dĂ©sirait. Un soir, il faisait un temps horrible, les Ă©clairs se croisaient, le tonnerre grondait, la pluie tombait Ă torrent ; câĂ©tait Ă©pouvantable ! Quelquâun frappa Ă la porte du chĂąteau, et le vieux roi sâempressa dâouvrir. CâĂ©tait une princesse. Mais grand Dieu ! comme la pluie et lâorage lâavaient arrangĂ©e ! Lâeau ruisselait de ses cheveux et de ses vĂȘtements, entrait par le nez dans ses souliers, et sortait par le talon. NĂ©anmoins, elle se donna pour une vĂ©ritable princesse. Câest ce que nous saurons bientĂŽt ! » pensa la vieille reine. Puis, sans rien dire, elle entra dans la chambre Ă coucher, ĂŽta toute la literie, et mit un pois au fond du lit. Ensuite elle prit vingt matelas, quâelle Ă©tendit sur le pois, et encore vingt Ă©dredons quâelle entassa par-dessus les matelas. CâĂ©tait la couche destinĂ©e Ă la princesse ; le lendemain matin, on lui demanda comment elle avait passĂ© la nuit. Bien mal ! rĂ©pondit-elle ; Ă peine si jâai fermĂ© les yeux de toute la nuit ! Dieu sait ce quâil y avait dans le lit ; câĂ©tait quelque chose de dur qui mâa rendu la peau toute violette. Quel supplice ! » Ă cette rĂ©ponse, on reconnut que câĂ©tait une vĂ©ritable princesse, puisquâelle avait senti un pois Ă travers vingt matelas et vingt Ă©dredons. Quelle femme, sinon une princesse, pouvait avoir la peau aussi dĂ©licate ? Le prince, bien convaincu que câĂ©tait une vĂ©ritable princesse, la prit pour femme, et le pois fut placĂ© dans le musĂ©e, oĂč il doit se trouver encore, Ă moins quâun amateur ne lâait enlevĂ©. VoilĂ une histoire aussi vĂ©ritable que la princesse !
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Ce cĂ©lĂšbre conte nous parle de la recherche de lâĂąme sĆur. Que nous dit-il sur cette quĂȘte Ă©ternelle ? Lâavis dâIsabelle de Kochko, psychologue. DĂšs le dĂ©but de lâhistoire, le pĂšre et la mĂšre se mĂȘlent de trouver une Ă©pouse Ă leur ïŹls⊠Symboliquement, le partenaire idĂ©al nâest-il pas toujours une construction dĂ©rivĂ©e des modĂšles infantiles que sont papa et maman ? Ici, la reine indique nettement Ă son ïŹls quâelle veut une belle-ïŹlle qui lui ressemble ! Narcissique, cette mĂšre pense quâelle est une rĂ©fĂ©rence en terme de noblesse. Elle met son grain de sel dans la vie du prince pour dĂ©tecter les qualitĂ©s ou les dĂ©fauts de sa future bru. La princesse a-t-elle devinĂ© la ruse du petit pois ? En tout cas, elle fait preuve dâune telle dĂ©licatesse que la reine est conquise et la juge digne de son enfant. Le roi, lui, propose une Ă©pouse plutĂŽt maternelle, qui prenne soin du prince. On voit bien quâils sont tous deux Ă©gocentriques et que leurs conseils sont calquĂ©s sur leurs dĂ©sirs personnels. Comment le prince peut-il sâafïŹrmer auprĂšs de ses parents ? Le prince est sage et il voudrait choisir son Ă©pouse tout seul. Il part en quĂȘte de la femme idĂ©ale comme un adolescent a besoin de faire diverses rencontres avant de trouver le âgrand amourâ. La premiĂšre princesse quâil rencontre, ronïŹe et se dĂ©sintĂ©resse de son entourage. La deuxiĂšme est laide, ce qui indique souvent dans les contes un manque de beautĂ© intĂ©rieure. La troisiĂšme, enfermĂ©e dans la maladie, est fragile. Celle Ă qui le prince ouvre son cĆur et sa porte vient tout simplement lui demander de lâaide. GrĂące Ă elle, il se sent soudain important, devient âlâhomme virilâ, sauveur et protecteur. MĂȘme si cela paraĂźt dĂ©modĂ©, les garçons restent sensibles au fait que les ïŹlles aient besoin dâeux. Ce sont elles qui les placent dans une position masculine. Une ïŹlle qui nâa besoin de personne, un garçon âmanquĂ©â, peut faire peur car elle apparaĂźt âcastratriceâ et renvoie les garçons Ă une certaine impuissance. Et que reprĂ©sente le petit pois ? La sensibilitĂ© physique symbolise ici la dĂ©licatesse morale et psychique. La princesse est en phase avec son environnement, elle rĂ©agit Ă ce qui lâentoure et perçoit ce qui est dissimulĂ© sous les apparences. Cette qualitĂ© dâouverture a su conquĂ©rir le prince. Il est sĂ©duit par la franchise de la jeune ïŹlle. En outre, cette derniĂšre ose dire ce quâelle ressent. EnïŹn, elle nâest pas si fragile puisquâelle a supportĂ© avec vaillance lâĂ©preuve de lâorage. Elle devient alors la femme idĂ©ale pour le jeune prince. Propos recueillis par KĂ©thĂ©vane Davrichewy
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la princesse au petit pois texte intégral pdf